Détournements de fonds au sein du Label “Evazyon Mizik”
La scène musicale haïtienne est secouée par l’implosion du label “Evazyon Mizik”, suite à des allégations de détournement de fonds par un de ses membres fondateurs.
Le 23 octobre 2023 restera gravé dans l’esprit des fans du rap, marqué par des échanges enflammés entre les membres fondateurs du prestigieux label “Evazyon Mizik” sur la plateforme X (ex-Twitter). Ce pénible épisode révèle les fissures profondes qui ont finalement conduit à l’implosion de cette entité autrefois prometteuse.
Le rappeur D-Fi et le producteur Nitro ont accusé le producteur émérite Jean Philippe Antoine d’avoir détourné des fonds qui étaient destinés aux artistes du label. Parmi les victimes présumées figurent Tafa, qui aurait été lésé, et qui finalement rompit avec le label en Avril 2022, et D-Fi, un trimestre plus tôt. Le triste passage de l’interview dans laquelle D-Fi intervient en dit long sur l’impact de ces malversations. D’autant plus, ce dernier a sorti un EP “The lost tapes” avec “San Adrès Mizik” et non “Evazyon Mizik”. Rupture définitive ? Personne n’a pipé mot jusqu’ici.
“Fondé en 2017 par Jean Philippe Antoine (FILIP) et Rhod D’jyvens Télémaque (D-FI Powèt Revòlte), le label “Evazyon Mizik” avait pour vocation de dénicher et promouvoir des talents bruts, à l’instar de Evonie Rose Thafaina Saint Louis (Tafa Mi Soleil), KenFs (Kenson Saint Fleur), Jo-J (Joanna Joseph), 2senk, Opak, Stan pour ne citer qu’eux.
Cependant, ce cas de détournement de fonds n’est malheureusement pas isolé dans l’univers du rap, que ce soit en Haïti ou à l’étranger. Les séquelles du tristement célèbre label “Death Row Records” dans les années 90 nous rappellent les ravages causés par de telles pratiques. Ignorer les erreurs du passé, c’est courir le risque de les répéter.
Ce triste chapitre de l’histoire du label “Evazyon Mizik” est un rappel poignant de l’importance cruciale de l’intégrité et de la transparence dans l’industrie musicale. Il interpelle également sur la nécessité de protéger les artistes et leur art, garants d’une scène musicale florissante et éthique. Le monde musical haïtien devra tirer des leçons de cette douloureuse expérience pour évoluer vers un avenir plus prometteur et équitable pour tous les acteurs de cette industrie passionnante.
Rodney Zulmé
