« L’Etat est armé de ses gangs » Ansky Hilaire

« L’Etat est armé de ses gangs »
Ansky Hilaire

les dieux, en hiver
tombent sous le charme du gain
des graines de ténèbres
qu’ils ont semées avant l’été

endormi, le soleil se plaint
de l’injustice de l’État
les étoiles meurent
les ampoules des rues de ma ville
ont disparu avec le jour

la ville a la couleur de la nuit
les princes, à l’agonie
sont privés de leurs ports
point de lumière
il ne fait pas jour à Port-au-Prince

aie pitié de mon âme
qui ne supporte plus l’odeur
du tunnel, Madame
mon cœur est cadavre

je n’ai même pas cessé de peindre
le bonheur sur tous les murs
de notre petite maison
qu’eux, là haut, se mettent à tirer
leur tête de ma vie qui
plonge encore dans la mer noire

ils se demandent
pourquoi je ne me semble pas
si malheureux

il nous approche, Madame
il nous approche encore
l’Etat est armé de ses gangs

les fleurs, à bout de souffle,
reprennent la chanson
« …parce qu’il me reste vos yeux »

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