Tafa Mi-Soleil : Une versatilité sur l’Extended Play « Phonix »

Deux ans après la sortie de son premier Extended play titré « Reponn », Tafa se ramène au-devant de la scène avec un nouvel « EP ». Une nouvelle Tafa, de la maturation dans la voix, de la maturité musicale, voilà ce que nous offre « Phoenix », cette nouvelle production de Tafa.

On l’avait soupçonné, la Tafa qui s’offrira à nous sur « Phoenix » sera nettement différente de celle de « Reponn ». « Lakou » cet avant-goût qu’elle nous avait donné en est la preuve. La Tafa qui chantait « Mizik sove vi m » n’est plus. La voix aigüe et frêle a cédé sa place à une voix mûre, qui voyage assez aisément dans les entrelacs des différentes notes des sept morceaux de l’EP.

C’est avec « Sole » que Tafa donne le ton. Un morceau où l’artiste chante sa détermination à aller décrocher sa lune. C’est une Tafa prête à tout pour concrétiser ses rêves, contre vents et marées. On aurait dit qu’elle intime l’ordre à cet astre qu’est le soleil de se lever afin qu’elle puisse compter clairement ses pas sur la voie de son accomplissement.

Ce n’est pas le seul titre où Tafa chante sa détermination à aller jusqu’au bout. Cette velléité à chanter son ardeur à vouloir à tout prix avancer quoi qu’il lui en coûte pourrait faire croire qu’elle a quelque chose à prouver. Mais à qui ? Nul ne le sait. Le titre « Phoenix », placé en 6e position sur l’EP, a tout l’air d’un règlement de compte. «Fè li, fè li, fè l nan je yo ; m pral fè l nan je yo », elle ne lésine pas sur les paroles.

Si la voix et la carrière de Tafa semblent bifurquer sur de nouveaux horizons, l’amour comme thème, très présent sur l’EP « Reponn » est aussi retrouvé à travers certains textes de la jeune dame. C’est le cas de « Etranje » et « Janmen lwen w ». Dans le premier, Tafa nous parle d’un amour insaisissable, de l’être aimé qu’elle n’arrive pas à cerner. « Ou s on etranje lè jou leve, lè aswè rive menm se moun mwen w ye » chante-t-elle. Sur ce track, Tafa donne à penser à Yanick Etienne dans « Mistè Lanmou »

« Janmen lwen w », c’est cette âme qui réitère son amour pour l’être aimé. C’est une tafa qui rassure, qui chante ses désirs, ses manques, qui réaffirme ses promesses envers cette moitié, partie loin d’elle. Ses espoirs au beau fixe, la chanteuse reste confiante.

Parlant de « Mercy », on y voit une confiance violée, une rude trahison, une sœur qui poignarde l’autre dans le dos. « Mercy » de Tafa, vient confirmer les mots de « Zanmi Femme » du groupe « Zafem ». Elle y parle en effet d’une amie l’ayant trahie en ayant une relation avec son partenaire. Tafa, dans son indulgence demande quand même au Seigneur d’avoir pitié d’elle. « Oh Lod, have Mercy on me ».

Si on l’a compris dans « Lakou », Tafa vient le confirmer avec le titre « Zili » gravé en 7e position sur « Phoenix ». Si « Lakou » était un retour à nos racines, « Zili » est une ode à la reine « Erzulie dantor », considérée comme une protectrice dans la mythologie vaudouesque. « Zili zili Dantò, ou wè mwen pa gen tò, pran batay la m poukò m », chante Tafa. Plus d’un s’affolait après la sortie de « Lakou ». Certains ne s’attendaient pas à ce détour de l’artiste. « Zili » confirme bel et bien ce tournant dans la carrière de Tafa. « Mizik te sove vi l, vodou sanble pral sove mizik li ».

Plus que des titres et des thèmes traités, « Phoenix » témoigne de la versatilité de la voix de Tafa. Un peu de jazz, du blues, du folklore, du slow, elle s’est faufilée dans les styles musicaux sans grande peine, amenant le public à prendre part à cette aventure, avec toute la dextérité qu’elle lui indique. Que dire de cette douce transposition dans « Janmen lwen w ».

Pour ce mois de mai, nos artistes nous font nous baigner dans un univers de nouveautés les unes les plus appréciables que les autres. Et Tafa vient brillamment compléter la liste.

Darline Honoré