Rivière Massacre: République Dominicaine déviera l’eau en amont
Deux semaines après la fermeture unilatérale des frontières, un projet de canal en construction est au cœur de la discorde, avec la République Dominicaine qui envisage de détourner le fleuve avant qu’il n’entre en Haïti, rendant ainsi inutile le canal haïtien en cours de réalisation.
La bataille pour l’eau et les canaux entre Haïti et la République Dominicaine atteint des proportions inquiétantes. Les 11 canaux de la République Dominicaine limitent considérablement le débit d’eau disponible pour Haïti.
Cette manoeuvre est perçue comme une violation flagrante du traité existant entre les deux nations. Les conséquences pourraient être dévastatrices pour les agriculteurs haïtiens, privés de l’accès à une ressource vitale. Il est à craindre que la République Dominicaine n’ouvre ses frontières que lorsque son propre canal sera presque achevé, faisant ainsi preuve d’une supériorité affichée envers Haïti.
Le président dominicain a déjà annoncé que “la frontière ne sera plus jamais la même”, soulignant ainsi la gravité de la situation. En réponse à ces développements, le gouvernement haïtien a entrepris la réactivation de la prise d’eau du canal de La Vigía sur la rivière Masacre, avec un taux d’avancement de plus de 80%, selon l’Institut national des ressources hydrauliques (Indrhi).
Juan Carlos Nova Méndez, directeur des opérations et de la conservation de l’Indrhi, a expliqué que les travaux impliquent l’installation de plusieurs pompes aspirantes pour garantir un débit d’environ 600 litres d’eau par seconde dans le canal.
Le canal de La Vigía, la solution à court terme proposée par le gouvernement dominicain pour remédier au canal d’irrigation en construction par les Haïtiens sur la rivière Masacre , sera alimenté par trois pompes diesel. Le porte-parole présidentiel, Homero Figueroa, a détaillé à travers ses réseaux sociaux comment fonctionnerait ce travail. “Les pompes puissantes auront la capacité d’ extraire 6 000, 3 000 et 6 500 gallons d’eau . Ce qui équivaut à un mètre cube d’eau par seconde”, a expliqué Figueroa.
Alors que les premiers essais de pompage du canal ont débuté, la pression monte des deux côtés de la frontière. Si la République Dominicaine persiste dans sa volonté de détourner le fleuve, les conséquences pourraient être désastreuses pour la population haïtienne dépendante de cette précieuse ressource. Le bras de fer entre les deux nations souligne une fois de plus les enjeux cruciaux liés à l’eau et à l’accès à cette ressource vitale dans la région.
Rodney Zulmé