Réévaluer la Coopération Internationale avec la PNH : Vers une Approche Plus Robuste
Dans l’ombre des efforts déployés par les États-Unis, le Canada et la France pour soutenir la Police Nationale d’Haïti (PNH), des questions émergent quant à l’efficacité et la pertinence de cette coopération.
Les dons de matériel en catimini ne semblent guère proportionnés aux besoins criants de la PNH qui se trouve sous-équipée face à la puissance de feu des gangs qui sèment le chaos. Haïti est aux prises avec un grave problème de criminalité depuis quelques années. La Police nationale d’Haïti (PNH) est sous-financée et sous-staffée, et elle a été accusée de corruption et d’inefficacité. Ces dernières années, les États-Unis, le Canada et la France ont fourni une assistance à la PNH, mais cette coopération a été largement inefficace.
Selon l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime, Haïti a l’un des taux d’homicides les plus élevés au monde. En 2022, on estime qu’il y a eu 86 homicides pour 100 000 habitants. La PNH compte environ 15 000 agents, mais ce n’est pas suffisant pour policer adéquatement le pays. Ajouté à cela, des centaines d’agents partent aux États-Unis à travers le programme humanitaire I-134A, 800 selon le Miami Herald.
Les États-Unis, le Canada et la France ont fourni une assistance à la PNH de différentes manières, notamment par le biais de la formation, de l’équipement et du soutien financier. Cependant, cette assistance a été largement inefficace. Un problème est que les trois pays ont des priorités différentes. Les États-Unis sont principalement intéressés à lutter contre le trafic de drogue, tandis que le Canada est plus focalisé sur les droits de l’homme et le développement. La France est intéressée par la sécurité et le développement. Ce manque de coordination a rendu difficile l’élaboration d’une stratégie cohérente d’assistance à la PNH.
Nouvelle approche
Une nouvelle approche est nécessaire pour améliorer la coopération entre la police haïtienne et les États-Unis, le Canada et la France. Cette approche devrait être basée sur le Respect de la souveraineté haïtienne. Les trois pays doivent respecter la souveraineté haïtienne. Cela signifie que le gouvernement haïtien devrait jouer un rôle de premier plan dans l’élaboration et la mise en œuvre de la stratégie d’assistance à la PNH.
Il est impératif de revoir cette approche et d’explorer des alternatives plus robustes et efficaces. Inspirons-nous de l’opération “Bouclier de l’Ordre” menée par l’armée brésilienne à Rio en 2016. Cette initiative a démontré qu’une combinaison de mesures ciblées peut grandement contribuer à restaurer l’ordre dans des zones en proie à la violence.
De surcroît, il est impératif d’envisager un appui feu aérien pour renforcer la capacité de la PNH à répondre efficacement aux menaces imminentes. Cette mesure permettrait de rétablir l’équilibre face à des groupes criminels armés jusqu’aux dents, qui, trop souvent, dépassent en puissance de feu les forces de l’ordre haïtiennes.
Il est crucial de souligner que ces propositions ne visent en aucun cas à militariser la réponse à la criminalité en Haïti, mais plutôt à fournir à la PNH les moyens nécessaires pour faire face à une menace de plus en plus complexe et bien armée.
En réévaluant notre approche, nous avons l’opportunité de doter la PNH des outils et de la stratégie adéquats pour rétablir la sécurité et la stabilité en Haïti. Il est temps d’adopter une approche proactive et réfléchie pour mettre un terme à la spirale de violence qui entrave le développement de ce pays durement éprouvé.
Rodney Zulmé