“Ou gou” du duo K-dilak et Bedjine: L’indécence dans toute sa splendeur
Cela fait déjà quelques mois depuis que le duo Bedjine et K-dilak a annoncé la sortie de leur premier album pour l’année 2024. Sur une affiche publiée par les deux collaborateurs, on a pu voir une représentation “mi-humain, mi-robot” des deux stars, laissant leurs fans la tâche de la décrypter. Ce mercredi 11 septembre 2024, le duo nous a livré “Ou gou”, un nouveau morceau en prélude à la sortie de leur album.
“Ou gou” est le scénario d’un chef cuisinier qui s’apprête à déguster un mets qu’il a lui-même concocté, et qui vante les délicieuses saveurs de ce plat, qu’il ne compte partager avec personne. Un scénario qui revêt d’une indécence flagrante, car le plat dont K-dilak raffole, c’est Bedjine. Littéralement !
Le champ lexical culinaire a souvent été retrouvé dans les textes de nos artistes. Les hommes, pour chanter les prouesses de celles qu’ils aiment, les comparent parfois à un délicieux repas dont ils se régaleraient à ne plus en finir. Le langage métaphorique, ce qui confère ce côté poétique aux textes et qui fait leur charme, n’a jamais été pour nous déplaire. La beauté de certains textes musicaux y réside d’ailleurs. Voilà pourquoi le nouveau morceau du duo qui chante “Move chofè”, aurait été mieux s’il n’était pas vidéoclipé, ou si la vidéo présentait un autre scénario.
Allongée sur une table, portant seulement un juste au corps, Bedjine est ce repas que prépare K-dilak. Elle n’est pas comparée à un repas; elle est réellement le repas. Entourée de plusieurs ingrédients culinaires, Bedjine est assaisonnée, saupoudrée, remuée, coupée, battue, rôtie, épluchée, goûtée, mangée…ce sont bel et bien toutes les actions qu’on pose en cuisine pour la préparation d’un repas. K-dilak le cuistot, Bedjine au menu.
Outre l’indécence que traduit ces images, ce nouveau morceau met à nu une énième fois cette relation de possessivité qu’entretiennent les deux artistes. K-dilak l’a en effet dit haut et fort: “A qui est cette affaire?” Cette affaire dont il parle est celle-là même qui est allongée devant lui, sur sa table; celle-là même qu’il s’est servie après l’avoir préparée; cette affaire c’est Bedjine et elle lui appartient.
Les collaborations entre Bedjine et d’autres artistes ont quelquefois suscité des remous. Que ce soit Bedjine qui peine à livrer des prestations live avec des artistes avec qui elle a un morceau, que ce soit K-dilak qui interprète un morceau avec Bedjine dont il n’est pas l’auteur, les collaborations Bedjine et un autre artiste, qui sont d’ailleurs peu, ne sont pas toujours une sinécure. “Mesaaje a” ne manque jamais une occasion pour rappeler qu’il est celui qui a propulsé la chanteuse dans sa carrière, que personne ne peut lui enlever sa “protégée”, et que cette dernière doit lui être redevable toute sa vie.
Plus qu’un texte sentimental, “Ou gou” est un rappel, une petite tape pour de potentiels vautours du secteur musical: “Bedjine est mienne, je l’ai façonnée et je ne la partagerai avec personne” énonce intelligemment K-dilak. Quoi de mieux pour le montrer que de faire d’elle son repas? Mais surtout, quoi de mieux pour comprendre ce que la possédée endure que de voir ce par quoi un repas passe avant d’être prêt?
K-dilak est peut-être un “move chofè”, mais il semble être un bon cuisinier. On peut le comprendre quand Bedjine lui demandait d’être prudent avec son cœur dans un premier temps, et qu’elle lui laisse le champs libre avec son corps dans un second…Une incohérence qui frise l’indécence.
Darline Honoré