Haïti : Pouvoir, misère et chaos — Un pays à la dérive

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Haïti : Pouvoir, misère et chaos — Un pays à la dérive

Depuis longtemps, Haïti est assiégé par des crises multiples qui s’entrecroisent : instabilité politique, effondrement économique, violences armées des gangs, corruption galopante. La récente Conference de Presse du Comité de Mobilisation (issu des assises du 27 juin 2025 organisé par là COREPAD/PEA ) dirigée par Me Jelaime Pierre, Me Etzer Jean Louis, Me Asnel, l’ancien Maire de là ville de Petion-Ville Mr Saint-Roc Dominique, etc., s’inscrit dans un contexte où les citoyennes et citoyens ne peuvent plus tolérer le statu quo.

Ils ont eu le courage de dresser un tableau à là lumiere des constats plus que sombre.

  1. L’immense pauvreté et la vie chère
    • Taux de pauvreté : Environ 78,6 % de la population vit avec moins de 5,50 USD par jour (parité de pouvoir d’achat) selon les données du FMI.
    • Extrême pauvreté : Environ 24,5 % vivent avec moins de 1,90 USD par jour, ce qui constitue le seuil de pauvreté extrême international.
    • En outre, environ 31 % de la population active se trouvent en dessous de ce seuil international de pauvreté, ce qui signifie qu’une grande part des travailleurs ne perçoit pas de quoi vivre dignement.
    • Inflation : Le coût de la vie explose. Le taux d’inflation annuel (IPC) est d’environ 28-30 % début 2025. Par exemple, en février 2025, le taux était de ~28,59 % comparé à la même période l’an dernier.
    • En 2024, l’inflation moyenne annuelle était de ~25,84 %.

Ces chiffres montrent que les prix des denrées, des transports, des services de base, etc., montent très vite, tandis que les revenus stagnent ou ne suivent pas cette montée.

  1. Violence, déplacement interne et chaos sécuritaire
    • Déplacements internes : Plus de 1 041 000 personnes déplacées à l’intérieur du pays à cause de la violence des gangs, selon l’Organisation Internationale pour les Migrations (IOM). Beaucoup ont été déplacées plusieurs fois.
    • Ce chiffre représente une multiplication par trois du nombre de déplacés entre décembre 2023 (~315 000) et début 2025.
    • Dans le département de l’Artibonite, le nombre de personnes déplacées a triplé pour atteindre plus de ~84 000 personnes.
    • Dans le Centre, plus de 147 000 personnes déplacées, un chiffre doublé en quelques mois.
    • Violence et morts : En 2024, plus de 5 600 personnes tuées à cause des gangs selon le Haut-Commissariat aux Droits de l’Homme.
    • Zones contrôlées par des gangs : près de 80-85 % de Port-au-Prince (la capitale), selon les rapports, sont sous influence ou contrôle de gangs. Cela rend l’accès aux services publics (santé, éducation, circulation) très dangereux ou carrément impossible dans plusieurs quartiers.
  2. Corruption, manque de souveraineté et pouvoir à tout prix
    • Indice de corruption : Haïti figure parmi les pays ayant une forte corruption selon les indices internationaux. Par exemple, selon WorldData (qui convertit les indices pour compréhension), le niveau de corruption perçu reste très élevé, indiquant que les institutions publiques sont largement affectées.
    • Budget de guerre et dépenses sécuritaires : En avril 2025, le conseil présidentiel de transition a approuvé un “budget de guerre” de 36 milliards de gourdes (~ 275,9 millions USD) devant servir prioritairement à la sécurité, à la frontière, et à des programmes sociaux d’urgence, face à la montée des gangs contrôlant des zones entières. Et pourtant rien n’est fait pour maitriser là violence qui règne dans le pays.
    • Perte de contrôle démocratique : L’occupation de quartiers, le pouvoir factuel des chefs de gangs, l’impuissance ou la collusion de certains acteurs étatiques font que la souveraineté nationale est régulièrement compromise. Les valeurs patriotiques et symboles nationaux sont souvent mis de côté au profit de logiques de pouvoir personnel, clanique ou gangstériste.
  3. Famine, insécurité alimentaire, crise humanitaire
    • Le pays fait face à ce que beaucoup qualifient de “pire urgence alimentaire de l’hémisphère occidental”. Environ 5,4 millions de Haïtiens sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë.
    • Parmi eux, ~2 millions sont à un niveau d’urgence extrême (IPC Phase 4).
    • Il y a aussi un petit nombre (quelques milliers) de personnes dans ce que l’IPC appelle le niveau de famine ou proche-famine, ce qui est extrêmement alarmant.
  4. Ce que tout cela signifie : accumulation des injustices

Quand on rassemble ces faits :
• Un petit groupe d’hommes d’affaires et de politiciens profite du pouvoir, des marchés publics, des fortunes acquises parfois dans l’opacité ou la complicité.
• La population, surtout les plus vulnérables, paie le prix fort : hausse des prix, pauvreté extrême, manque d’accès aux soins, à l’éducation, au logement, et à la sécurité.
• Le manque de souveraineté réelle : ingérences, dépendance à l’aide extérieure, à des forces internationales ou privées; incapacité à garantir la sécurité et le bien commun.
• Une classe politique souvent plus préoccupée de préserver son pouvoir que de répondre aux urgences quotidiennes des citoyens : corruption, clientélisme, parfois cohabitation explicite ou tacite avec les gangs qui permettent à certains acteurs de garder leur base, leur influence ou leur richesse.

La situation décrite par le comité COREPAD/PEA — dénonciation de la misère, de la corruption, de la complicité entre le pouvoir et les gangs, de la souveraineté bafouée — est non seulement fondée, mais largement corroborée par des données récentes et alarmantes. Tant que les institutions ne seront pas véritablement remises en cause, tant que les responsables ne seront pas rendus comptables, tant que les politiques publiques ne viseront pas réellement le bien commun et le soulagement des plus précaires, Haïti continuera dans le cycle du désespoir. Messieurs et Dames il est tant de passer le pouvoir au plus capable.

Reginald PRENUS
Coordonnateur du Comité de Communication
COREPAD/PEA

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