Dadou Pasquet s’éteint : la musique haïtienne perd un monument

Dadou Pasquet s’éteint : la musique haïtienne perd un monument

Suite à une longue maladie, le célèbre guitariste haïtien André « Dadou » Pasquet est décédé, laissant le monde musical sous le choc. Hospitalisé d’urgence le samedi 22 novembre, il s’est éteint quelques jours plus tard, comme l’ont confirmé ses proches. Leader du Magnum Band et figure incontournable du konpa, Dadou Pasquet était considéré comme l’un des plus grands musiciens que le pays ait connus. Il avait 72 ans.

L’annonce de sa mort a été partagée sur sa page officielle, où un message empreint de tristesse rend hommage à l’importance culturelle et artistique de l’artiste. Son frère a également confirmé la nouvelle dans une intervention médiatique, soulignant le vide immense que laisse cette disparition dans le paysage musical haïtien et dans le cœur de nombreux fans.

Né le 19 août 1953, Dadou Pasquet laisse derrière lui un héritage exceptionnel. Guitariste, chanteur, auteur et compositeur, il a marqué plusieurs générations grâce à sa rigueur, son talent singulier et sa recherche constante de perfection. Les musiciens qui l’ont côtoyé se souviennent d’un homme droit, exigeant, passionné, capable de peaufiner chaque détail jusqu’à atteindre la justesse parfaite. Sa discographie, riche d’une trentaine d’albums, constitue l’un des trésors du patrimoine musical haïtien.


Un parcours musical extraordinaire

Dans les années 1970, Dadou se fait connaître au sein du mythique Tabou Combo, où son jeu de guitare et sa voix puissante attirent rapidement l’attention. En 1976, animé d’une vision artistique nouvelle, il quitte le groupe pour fonder le Magnum Band avec son frère Claude « Tico » Pasquet. Cette formation deviendra l’une des plus innovantes et influentes de la diaspora haïtienne.

Le style de Dadou se distingue par sa capacité à mêler les rythmes traditionnels du konpa à des influences variées : jazz, funk, reggae, blues, calypso… Ce mélange unique donnera une couleur particulière au Magnum Band, immédiatement reconnaissable. Avec des titres emblématiques tels que Pake Pala, Pike devan, Experience ou encore Jehovah, le groupe s’impose durablement comme une référence.

Sa voix, profonde et puissante, ajoutait une dimension émotionnelle unique à ses compositions. Même dans les reprises, Dadou réussissait à imprimer sa personnalité, transformant chaque morceau en une œuvre profondément authentique.


Un homme d’humilité, un maître respecté

Au-delà du musicien virtuose, Dadou Pasquet était perçu comme un homme humble, généreux et profondément attaché à son peuple. Sa famille décrit un mari, un père et un ami dont l’art a touché une multitude de vies. Pour la communauté artistique, il représentait un pilier, un mentor, un phare qui éclairait le chemin des jeunes talents.

Son départ dépasse le cadre d’une simple perte artistique : c’est une page importante de la culture haïtienne qui se tourne. Il laisse derrière lui des valeurs d’excellence, d’authenticité et d’amour pour la musique — un héritage que les générations futures continueront d’honorer.

Dans un message émouvant, ses proches évoquent un homme “qui est parti en douceur, enveloppé dans l’amour de sa famille”, rappelant que sa vie entière a été guidée par la passion, la grâce et un attachement inébranlable à son pays.


Une légende qui restera vivante

La disparition de Dadou Pasquet marque un moment de tristesse profonde pour Haïti et sa diaspora, mais son œuvre, elle, est immortelle. Ses notes, sa voix, son style et sa vision continueront de vivre au travers des musiciens qu’il a inspirés et des milliers de fans qu’il a touchés.

Son message le plus fort, transmis tout au long de sa carrière, résonne aujourd’hui comme un appel :
« Jwe mizik lan » — Jouez la musique.
Une invitation à perpétuer son art, à faire vivre son héritage, à continuer ce qu’il a si brillamment construit.

Publishing Team

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