Le Riz Américain importé en Haïti: un risque pour la Santé Publique
Une étude récente par des chercheurs de l’Université du Michigan, en partenariat avec l’Organisation Communautaire pour l’Agriculture Haïtienne, a révélé des niveaux préoccupants d’arsenic et de cadmium dans le riz importé en Haïti, principalement en provenance des États-Unis.
Selon les résultats publiés dans le Journal of Agriculture, Food Systems and Community Development, les niveaux médians d’arsenic et de cadmium étaient presque deux fois plus élevés dans le riz importé par rapport au riz cultivé localement en Haïti. De manière inquiétante, tous les échantillons de riz cultivé localement étaient en dessous des limites internationales recommandées pour protéger la santé humaine, tandis que certains échantillons de riz importé les dépassaient.
Dirigée par Jackie Goodrich et V. Koski-Karell, cette recherche a mis en lumière des données quantitatives alarmantes. Les co-auteurs de l’étude incluent Rolinx Jean Monprevil de l’Organisation Communautaire pour l’Agriculture Haïtienne, ainsi que Justin Schell et Simone Charles de UM-Ann Arbor, et Natalie Sampson de UM-Dearborn.
Pour donner un aperçu concret, les adultes de poids variés consommant trois tasses ou plus de riz importé par jour dépasseraient un niveau de risque minimal quotidien pour la toxicité. Étant donné que les Haïtiens consomment en moyenne 2,9 tasses de riz par jour selon les estimations des Nations Unies, cela soulève des préoccupations majeures quant à l’exposition à ces métaux lourds dans leur alimentation de base.
Cette situation découle en grande partie des politiques agricoles américaines qui ont favorisé la production de riz et subventionné massivement ce secteur. Ces politiques ont permis à une abondance de riz importée de submerger le marché haïtien, mettant en danger la santé des habitants et compromettant les moyens de subsistance des agriculteurs locaux.
Face à ces résultats alarmants, les chercheurs exhortent les décideurs à revoir d’urgence le système commercial actuel, en particulier lors des discussions sur le projet de loi agricole américain prévu pour septembre 2024. Ils soulignent l’importance cruciale de protéger la santé publique et de soutenir les agriculteurs locaux pour promouvoir un système plus équitable et durable pour tous.
Koski-Karell conclut : “Cette situation perpétue la pauvreté et les difficultés pour les agriculteurs haïtiens, ainsi que pour des millions d’autres dans les pays où les importations étrangères sont prédominantes. Avec l’expiration imminente du projet de loi agricole en 2024, il est crucial que des mesures soient prises pour garantir la santé publique et le bien-être des communautés locales.”
Rodney Zulmé
