Controverse au Kenya concernant le Déploiement de Policiers en Haïti
Le président kényan, William Ruto, persiste dans sa volonté de déployer des policiers au sein de la Mission Multinationale d’Appui à la Sécurité (MMAS) en Haïti, malgré un jugement récent du tribunal de Nairobi déclarant ce déploiement “anticonstitutionnel, illégal et invalide”.
Deux jours après la décision du tribunal qui souligne l’absence d’un accord de réciprocité entre le Kenya et Haïti, un prérequis nécessaire pour une telle mission, le président kenyan Ruto réaffirme sa volonté d’envoyer des troupes en Haïti pour aider à instaurer un climat de sécurité.
Le président Ruto, lors d’une déclaration à l’agence Reuters après le sommet Italie-Afrique à Rome, a affirmé que la mission pourrait débuter “dès la semaine prochaine, si toutes les formalités entre le Kenya et Haïti sont finalisées”. Cependant, le tribunal de Nairobi a conclu que le déploiement était illégal, car il a contourné le Conseil national de sécurité du Kenya, qui n’a pas le mandat d’envoyer la police à l’étranger.
Pour que des policiers kényans soient déployés à l’étranger, un accord de réciprocité est nécessaire, impliquant une demande directe du pays receveur des troupes. À ce jour, aucun accord de ce type n’a été établi entre Nairobi et Port-au-Prince. L’opposant politique Ekuru Aukot, initiateur du recours en justice, critique la démarche du président Ruto, estimant qu’une demande de déploiement ne peut être faite en l’absence d’un président élu en Haïti.
Malgré les obstacles juridiques, le président Ruto affirme que des discussions sont en cours et que Haïti aurait déjà formulé sa demande il y a plusieurs mois. Les autorités kényanes ont également annoncé leur intention de contester la décision du tribunal. La MMAS, approuvée par le Conseil de sécurité de l’ONU en octobre, visait à soutenir la police haïtienne face aux gangs, avec le Kenya en tête de cette force multinationale, attendue avec vigilance par les autorités haïtiennes. La situation souligne les tensions autour de l’intervention internationale dans la région, malgré les préoccupations juridiques soulevées au niveau national.
Rodney Zulmé